vendredi 26 octobre 2012

N°76 I AM KLOOT - Gods And Monsters - 2005


Mes compagnons blogueurs ainsi que mes ami(e)s savent à quel point je voue un culte à ce groupe. C'est presque une religion. Et ce n'est pas ce foutu syndrome des "perdants magnifiques" si cher à tout amateur de musique, non, ça va largement au-delà! Il est simplement incompréhensible que ce groupe n'ait toujours pas rencontré le succès, alors même que leur sixième opus studio est prévu pour janvier de l'année 2013. Cela inclut l'idée que la fin du monde n'ait pas lieu le 21 décembre... c'est d'ailleurs la meilleure raison pour qu'elle n'ait pas lieu!

Mais intéressons-nous à "God And Monsters", le troisième album du groupe. Le plus rugueux, absolument parfait dans l'imperfection. Magnifique et viscéral. C'est "No Direction Home" qui ouvre les hostilités, et ça cogne étonnement fort,  le rythme est martial, presque froid. Le danger frappe à la porte, et il n'y aura pas de retour possible. Les dieux et les monstres ne seront guère plus rassurants, il faudra bien que quelqu'un paye le prix fort pour toute cette télévision, n'est-ce pas? Dans cet album qui ressemble parfois à un livre de contes, même les filles ordinaires semblent être sacrément torturées. "An Ordinary Girl" parait tout droit jaillir  d'une froide nuit d'hiver. Une nuit d'hiver ordinaire, dans une ville ordinaire avec des gens ordinaires qui flirtent avec un ennui certain en acceptant leur situation. "Sand And Glue" gratte comme du papier de verre; imaginez qu'on vous badigeonne de colle, puis qu'on vous lâche dans une tempête de sable, voilà qui donne une idée assez précise de comment sonne ce morceau. Déboule ensuite ni plus ni moins qu'une des plus belles chansons du monde (quel objectivité!), j'ai nommé "Avenue Of Hope". Pour tout dire, l’espoir semble s'être évanoui depuis bien longtemps, ne subsistant que cette chanson, ce qui est déjà beaucoup. L'album se referme avec "I Believe", une autre merveille, comme seul John Bramwell sait en pondre.

"Gods And Monsters" n'est pas un album facile d'accès. Pour être franc, à la première écoute, je n'ai pas accroché, mais maintenant, après un nombre non-quantifiable de passage sur la platine, il fait partie de mes disques préférés.

mercredi 24 octobre 2012

N°75 RODRIGUEZ - Cold Fact - 1970


Il arrive parfois que les choses ne se déroulent pas comme elles le devraient. C'est le cas avec la carrière éclair de Sixto Diaz Rodriguez, deux albums studio et puis plus rien, silence total! Et pourtant le mec avait tout pour devenir un grand, des chansons intelligentes et engagées, un parfait mélange de pop, de soul et de folk. Un peu comme si le Dylan de "Freewheelin'" avait lâché Woody Guthrie pour filer chez Stax! Mais revenons à la carrière furtive du monsieur, "Cold fact" en 70 et "Coming From Raeality" en 71, le premier est plus facile d'accès, très concis et pour tout dire parfait. Tandis que le second se savoure réellement sur la durée, après plusieurs écoutes, pour finalement se révéler être encore meilleur que son aîné. Comment ne pas être frustré de ne rien avoir d'autre à se mettre sous la dent après ça? Autre fait marquant, le succès à retardement de Rodriguez en Afrique du sud, durant l’apartheid "Cold Fact" se hissera jusqu'au sommet des charts!!! Mais c'est plus récemment que tout a basculé, avec les rééditions/redécouvertes du (génial) label Light In The Attic, une hype tardive qui poussa Rodriguez à sortir de sa retraite pour aller donner quelques concerts, y compris sur notre vieux continent.

Démarrage brumeux avec "Sugar Man", un homme qui vous fera oublier tous vos problèmes, mais à quel prix? Il n'est bien entendu nullement question d'apologie de la drogue, Rodriguez est trop malin pour ça. "Only Good For Conversation" est plus rageur, c'est le morceau le plus nerveux de l'album, arrogant voire méprisant. La rupture est ensuite totale, "Crucify Your Mind" est une chanson de toute beauté, le texte est lui aussi magnifique et je ne vous cause même pas des cuivres discrets et de la basse ronde à souhait... Plus loin "Hate Street Dialogue" sent bon le folk du début des 70's, rien de très novateur, mais c'est une réussite incontestable. Le bluesy "Inner City Blues" aurait du, dans un monde sensé, devenir un énorme "Hit"; mais que fait la police du bon goût, pourquoi ne verbalise t'elle pas les radios responsables d'un tel gâchis? Rodriguez bifurque pas mal sur ce "Cold Fact", tout en possédant une griffe bien à lui, ce qui est plutôt  rare pour un artiste débutant! Qu'elles soient camouflées façon soul ("I Wonder") ou purement folk ("Rich Folks Hoax"), les chansons de Sixto débordent d'âme, et ça, c'est tout bonnement indispensable...

Inutile de préciser que le travail de réédition de Light In The Attic est parfait. Le son est génial et le livret plus que copieux; seule ombre au tableau, l'absence de bonus...

lundi 22 octobre 2012

N°74 DR JOHN - City Lights - 1978


Finis les rituels vaudou, finis les indiens, le bon docteur lâche un peu ses oripeaux et le folklore de la Nouvelle-Orléans pour partir vers la grande ville. Un vol de nuit vers les lumières attirantes, celles trop nombreuses qui transforment les hommes en moustiques hypnotisés. Trois longues années séparent "Hollywood By The Name" de ce "City Lights". Et presque dix depuis "Gris-gris", que de chemin parcouru pour le jeune Malcolm John Mac Rebennack Jr., pianiste prodige ayant joué sur un nombre incalculable de disques avant de se lancer avec brio dans une carrière solo. Dr John fut un session man au moins aussi important en Amérique que Jimmy Page l'était en Angleterre.

L'ambiance est urbaine, nocturne et enfumée. Un virée en ville, voilà ce que nous offre le bon docteur. "Dance The Night Away With You", c'est de la séduction, un morceau jazzy et cool. Le ton du disque est donné d'emblée, la nuit promet d'être longue. "Street Side" est plus soul et saoule, changement de club, les choses sérieuses commencent. C'est le piano qui mène la danse, ça débute tout doux puis ça monte et monte encore, avant de virer funk pour l'extase finale. Difficile de se remettre d'un tel morceau. Heureusement "Wild Honey" poursuit sur la même voie grâce à un groove imparable. Petite pause, la pluie s'invite à la fête. C'est l'heure du baiser, un baiser de cinéma, romantique et pour tout dire très cliché, mais puisque nous sommes là, autant vivre les choses à fond. Le feu chasse les trombes d'eaux. Avec "Fire Of Love" c'est toute la Nouvelle-Orléans qui déboule sans crier gare! Une chanson pour les déracinés partis goûter un peu du rêve Américain. Mais les bonnes choses ont une fin, et la nuit se termine déjà, les premières lumières du jour nous conduisent vers un matin blême. La gueule de bois menace, la magie s'évapore dans les vapeurs d'alcool. De jour, la grande ville semble grise et triste, il est grand temps d'aller se coucher. "Too many city lights, too many midnight on the wrong side of life.."

samedi 20 octobre 2012

N°73 BLUE ÖYSTER CULT - Agent Of Fortune - 1976


"Qui a peur de la faucheuse?" Certainement pas la confrérie du culte de l'huitre bleue...

"Agent Of Fortune" marque un tournant capital dans l'histoire du groupe, celui du virage pop, voire commercial, qu'empruntent beaucoup de formations de hard rock à un moment ou un autre. "Don't Fear The Reaper" sera le premier véritable hit de Blue Öyster Cult, faut dire que la chanson est superbe, mais globalement ce nouvel album ne soutient pas la comparaison avec la formidable trilogie que forme "Blue Öyster Cult", "Tyranny And Mutation" et "Secret Treaties". Mais il est moins lourd, et verse parfois dans l'horreur de pacotille, ce qui fait toujours rudement plaisir!

Ça démarre fort avec l'efficace "This Ain't The Summer Of Love"; le ton est donné d'entrée de jeu, le temps de l'amour est passé, place à la baston. Ça bastonne d'ailleurs très fort au niveau des guitares, Bloom, Lanier et Buck Dharma se lancent dans une joute de tous les diables. A peine commence t'on à être chaud que le groupe coupe l'herbe sous nos pieds avec "True Confession", un rock bien mainstream. Non pas que le titre soit mauvais, mais il n'est pas du tout à sa place. Pas bien grave, car le titre qui suit est un chef-d'oeuvre, mais oui c'est bien lui, "Don't Fear The Reaper". Superbe de bout en bout avec ses entrelacs de guitare et ses voix multiples semblant sortir d'un rêve étrange. La mort rôde en aiguisant sa faux, mais sa menace n'y fera rien. A noter la présence au chant et à l'écriture de la jeune Patti Smith sur "The Revenge Of Vera Gemini", autre sommet de l'album. Rarement groupe de hard n'aura été aussi inventif. "Sinful Love" est lui aussi très efficace (le refrain qui tue) et son ambiance chargée rappelle ces bonnes vieilles séries B des 80's. La faucheuse cède sa place aux vampires avec "Tattoo Vampire", un morceau qui sonne très Alice Cooper, grand-guignol à souhait, un vrai régal. Le reste est nettement moins intéressant, pas franchement à la hauteur d'un tel groupe.

La récente réédition possède son lot de bonus, dont un très bon premier jet de "Fire Of Unknown Origin", enregistré pour "Agent Of Fortune" mais écarté pour une obscure raison. Il y a aussi une version démo de "Don't Fear The Reaper" qui dépasse l'entendement, supérieure à la version définitive sur tous les points!

vendredi 19 octobre 2012

N°72 THE CRAMPS - Psychedelic Jungle - 1981


"La saison de l'horreur commence, les Zombies sortent de la terre, les lycanthropes hurlent sous la pleine lune et les vampires plantent leurs crocs dans nos cous alléchants. La nuit de la Samain approche, avec ses sacrifices et ses dieux en colère" Bientôt Halloween, quoi!

"Psychedelic Jungle" est le second long-jeu des Cramps. Si, sur la forme, l'album semble décliner la formule initiée avec "Gravest Hits" et "Songs The Lord Taught Us", sur le fond, il est diamétralement opposé. On a souvent tendance à croire que le groupe de Poison Ivy et Lux Interior a toujours refait le même album, un peu à la manière des Ramones, mais dans les deux cas ceci est totalement faux. Les incessants changements de personnel au sein du groupe ont toujours façonné leur son. Ainsi, en claquant la porte, Bryan Gregory, le premier guitariste, emporte avec lui la furia bruitiste des débuts. Du coup, "Psychedelic Jungle" est plus calme, il porte à vrai dire assez bien son titre, sans pour autant partir dans des délires lysergiques. Assez paradoxalement, malgré un petit côté vaguement psyché, sur cet album les Cramps épurent au maximum. L'ossature des morceaux est visible à chaque instant, mais ceux-ci ne sont évidemment jamais rachitiques.

Départ pour la jungle pschédélique avec le bien nommé "Greenfuz", un morceau lourd porté par une rythmique solide et des guitares fuzz noyées sous la voix cinglée de Lux Interior; du Cramps pur jus. Ensuite, "Goo Goo Muck" et "Rockin Bones" poussent la formule psychobilly dans sa forme la plus primaire. Le groupe se dénude, ose la limpidité. Parfois le tempo accélère dangereusement, dans ce cas là, les Cramps semblent être un Hot Rod incontrôlable lancé à vive allure sur une route sinueuse. Frisson garanti, putain de "Crusher", ce morceau rend fou! "Psychedelic Jungle" alterne reprises et compositions personnelles, mais à l'écoute il est bien difficile de savoir qui est qui, tant le disque est homogène. Petit détour africain avec "Jungle Hop", Afrique cannibale, Afrique de tous les fantasmes, celle des vieux comics horrifiques et des nouvelles frissonnantes des 50's. Une dernière question pour la fin: Que se passe t'il derrière la porte verte? La copulation sans doute, enfin un peu de sexe! La tension sexuelle étant toujours à son comble, la faute à Poison Ivy et ses poses de Pin-up diabolique. Toujours est t'il que "Green Door" est une merveille, un sommet assez méconnu des Cramps. L'ultime sucrerie empoisonnée de "Psychedelic Jungle", peut-être le meilleur album du groupe...

En fait, des Cramps, j'aime tout, même le moins bon, et selon les (mes) périodes, le moins bon devient le meilleur et inversement... Ce n'est pas très clair, mais c'est ainsi.

mardi 16 octobre 2012

N°71 JOE DASSIN - Une heure avec Joe Dassin volume 1& 2 - compilation


Ce coup-là, vous ne l'avez pas vu venir, hein? En plus, ce n'est même pas un plaisir coupable, car il y a vraiment du très bon chez Joe Dassin. Alors certes, il y a aussi un paquet de trucs un peu honteux, mais l’intérêt n'est pas là, vous vous doutez bien... En plus, je ne vous propose non pas un, mais deux albums d'un coup. Bon, c'est vrai, ce sont des compilations, vieillottes de surcroît, mais le principe de passer une heure en compagnie d'un artiste, c'est plutôt plaisant!

Bien sûr, "L'été Indien", "Les Daltons", et autres, ça sent un peu le formol, la variété de papa, voire de grand-papa, mais à côté de cela, il y a des choses sublimes. Derrière l'homme du hit-parade se cachait un véritable artiste, doublé d'un grand connaisseur en musique Américaine. Ses adaptations de standards sont d'ailleurs parmi ce qui ce fait de mieux dans la catégorie. "Salut les amoureux" en est l'exemple parfait. Car en s'éloignant totalement du sujet de la chanson d'origine ("City Of New-Orleans"), Joe Dassin emmène le morceau ailleurs, ce qui crée la cohérence qui fait souvent défaut à ce genre d'exercice. De plus le texte est magnifique. Autre sommet, autre ambiance, mais toujours une rupture amoureuse, c'est "Les Yeux d'Emilie". La beauté des arrangements associée à une interprétation haut de gamme font des miracles. Qualitativement, ce titre dépasse tout ce que faisaient ses contemporains à la même époque. Et que dire de la période "Blue Country", que du très bon, en grande partie des adaptations françaises de Tony Joe White. Parait que Joe Dassin voulait enfin se faire plaisir, bien lucide sur la qualité générale de sa discographie. Et c'est ce même Tony Joe White qui offre au "Marché aux puces" son texte anglais, ce qui donne "The Guitar Don't Lie", une merveille. C'est vrai, on pourra critiquer les textes parfois faciles, les arrangements cheap et l'abus de choeurs féminins, mais rappelons que Leonard Cohen a aussi abusé de ces deux derniers points... J'ai failli oublier de vous parler du "Jardin du Luxembourg", un monument de 12 minutes, si peu radiophonique qu'il fit un bide en France malgré ses indéniables qualités. Étonnamment, il reste le plus grand succès de Joe Dassin à l'étranger...

Pour finir, je vais vous dire, malgré tout ça, j'aime Joe Dassin et ses chansons simples. C'est con, mais ça me remonte le moral.

lundi 15 octobre 2012

CHRIS ROBINSON BROTHERHOOD - Big Moon Ritual


Pour faire les choses dans le désordre, je vous chronique "Big Moon Ritual" après "The Magic Door" (c'est ici). Mais à vrai dire, cela n'a pas beaucoup d’importance, tant les deux albums sont complémentaires. Les amateurs des Black Crowes seront peut-être un peu surpris par la tournure psychédélique que prennent les choses. Les longs jams planants rappellent fortement le Grateful Dead; Mr Robinson n'a d'ailleurs jamais caché son amour immodéré pour le célèbre band de Jerry Garcia.

Démarrage en douceur, l'aéronef de la confrérie s'envole pour Tulsa. Tranquillement installé aux commandes, pétard vissé aux lèvres, le corbeau noir en chef nous promet un voyage sidéral et sidérant, entre blues cristallin et envolée acide. Mais voici que débarque "Rosalee", et son boogie décontracté trempé dans une bonne dose de funk. Une vraie réussite. Direction la stratosphère avec "Tomorrow Blues", le blues de demain sera planant et coloré, à l'image de la pochette du disque. Mais même dans un tel kaléidoscope, les compositions du groupe sont d'une solidité à toute épreuve. Dans sa deuxième partie, l'album enchaîne les compositions calmes, ce qui procure une véritable sensation de bien-être. Pour peu que l'on soit confortablement installé et pourquoi pas aidé par quelques substances illicites...

"Big Moon Ritual" prend tout son sel une fois complété avec "The Magic Door", l'un est très planant, l'autre plus véloce. Mais les deux font la paire, alors...

mercredi 10 octobre 2012

N°70 CALLA - Collisions - 2005


Cet album fait partie de mes disques de prédilection. Parfait de bout en bout, pas une seconde de gras, rien que de l'essentiel. Concis et tendu à souhait, pop et en même temps dangereux; Calla possède LE truc: l'art de la mélodie. Mais celle-ci est traînée dans un bain d'huile de vidange, de rouille et de poussière. Anxieux et lumineux à la fois, triste mais non dénué d’espoir, "Collisions" ne ménage pas son auditeur, tout en restant un disque accessible aux néophytes. Dans trente ans, quand sera venue l'heure de réévaluer les années 2000, nul doute que "Collisions" connaîtra le même destin que "Odessey And Oracle" des Zombies!

"It Dawned Me", monté en puissance, son tranchant comme une lame de rasoir, lourdeur immense. Vingt secondes même pas, et les murs sont déjà tous repeints en noir. Puis la lumière, la voix d'Aurelio Valle, sublime de douceur et de nuance. C'est sans doute dans cette dualité que se cache le secret qui rend l’élixir Calla si addictif. L'intensité monte encore d'un cran avec "This Better Go As Planned", toujours cette pesanteur qui s'allie à la mélodie pour nous faire monter très haut, avant de nous laisser retomber dans les bas-fonds d'un monde post-apocalyptique. A chaque fois c'est le refrain qui apporte l’oxygène nécessaire ( "Play Dead", "Pulvarized"), afin d'éviter de sombrer dans une déprime facile et vulgaire. Nous y voilà, Calla est un groupe qui a la classe, leur musique n'est jamais complexe mais toujours particulière. Pas besoin d'en faire des tonnes quand on est talentueux... Et quand le tempo monte, quand la machine s’emballe, ça devient réellement redoutable. "Swagger" est d'une lourdeur à faire pâlir bon nombre de groupes de métal, c'est dire. A présent, le vocabulaire vient à me manquer pour vous décrire "Overshadowed", un morceau si sublime que cela en devient indécent. L'art de terminer un disque de façon magistrale!

Un an après "Collisions", le groupe a publié "Strength By Numbers", un cinquième album toujours génial, bien que moins homogène.  Et depuis, silence radio...


vendredi 5 octobre 2012

It's a long way to the top if you wanna take the apéro!!!


Après dix bières je vais sans doute entendre retentir les cloches de l'enfer. "German Beer, Australian Hardrock", la musique qui voyage, toujours. Même si le voyage vers l'enfer est sans retour. 

Je lève mon verre à Bon Scott...

CHRIS ROBINSON BROTHERHOOD - The Magic Door


Les Black Crowes sont en sommeil pour une seconde fois, et Chris Robinson s'offre un trip psychédélique très influencé par le Grateful Dead. A peine un premier opus paru sous le titre délicieusement barré de "Big Moon Ritual" , voici que Chris et ses comparses sont déjà de retour avec "The Magic Door". Un second album encore meilleur, toujours aussi psyché, bien que plus canalisé et équilibré. La porte magique semble posséder les mêmes caractéristiques que celle de la perception si chère aux Doors. Il est clair qu'en peaufinant son Gumbo, l'ex-Black Crowes a ajouté une bonne pincée du mythique groupe de Morrison.

L'album débute avec un joyeux boogie diablement efficace. Les invitations sont lancées et nous irons faire la fête sur la colline, les bières sont au frais et le crépitement de la marijuana se fait déjà entendre, les épaisses volutes de fumée montent vers les cieux. "Let's Go, Let's Go, Let's Go"!  Le blues aérien de "Someday Past The Sunset" est une bouffée d'air pur, sorte de réminiscence d'un l'été qui s'éteint. Arrive l'heure de la ballade, avec le remake de "Appaloosa", déjà parue sur "Before The Frost" des noirs corbeaux. La nouvelle version ne change pas outre-mesure, les quelques nappes de claviers ajoutent juste un peu de couleur à un titre très classique. "Vibration & Light Suite" est un long voyage dans le temps et l’espace. Ça commence soul-funk avant de virer jam psyché pour finir en un collage assez flippant, Bad Trip! Heureusement que "Little Lizzie Mae" arrive pour nous secouer joyeusement, la fête peut reprendre le temps de ce titre country haut de gamme. Le groupe nous offre deux belles ballades en fin de galette, la cotonneuse "Sorrows of a Blue Eyed Liar" et la plus classique mais toujours impeccable "Wheel Don't Roll".

Chris Robinson Brotherhood est une affaire réjouissante et "The Magic Door" est un disque idéal pour attaquer la rentrée avec sérénité.

Lien Spotify 

jeudi 4 octobre 2012

BOB DYLAN - Tempest


Avant même sa parution, le "Dylan nouveau" a déjà fait couler beaucoup d'encre, et pas uniquement dans la presse spécialisée. Une telle folie médiatique autour du vieux barde était inimaginable il y a encore dix ans. Bien sûr, tout le monde est unanime, "Tempest" est un chef-d'oeuvre, voire le disque de l'année. Pour peu, on nous ferait croire qu'à lui seul, Bob Dylan va sauver l'industrie de la musique. C'est oublier un peu vite que le Zim n'a jamais été un gros vendeur de disques. Mais seule une question demeure, "Tempest", bon disque ou pas? La réponse est oui, même si ce n'est pas le chef-d'oeuvre annoncé!

 Avec ses airs de traditionnel réarrangé (c'est probablement le cas), "Duquesne Whistle" est  une entrée en matière très agréable. C'est de la belle musique américaine comme Dylan nous en sert depuis "Time Out Of Mind". Juste après, "Soon After Midnight" nous prouve que le Zim est encore capable de pondre une magnifique ballade tout en simplicité. C'est sans doute le morceau le plus digeste de l'album, à peine plus de trois minutes, une structure classique; mais que c'est beau. Avec "Narrow Way" le Dylan bavard est de retour, débitant ses paroles comme une mitraillette sur fond de country-blues up tempo. Mais passons directement au plat principal, "Tempest", la fameuse chanson sur le Titanic qui dure plus de treize minutes, et qui mélange faits réels, divagation, Leonardo Di Caprio et Carter Family (pour la mélodie et l'idée de base). Pour faire simple, c'est un peu "Desolation Row" sur un bateau qui coule. On terminera avec l'émouvant hommage à John Lennon (ou pas, rien n'est jamais simple avec Dylan). "Roll On John" est saturé de mélancolie, l'ambiance y est lourde, comme si elle portait tout le poids du regret. On appréciera au passage la citation de  "A Day In The Life" des Fab Four.

"Tempest" n'est certes pas le grand cru Dylanien tant attendu, mais reste une liqueur très agréable. Et c'est déjà pas mal.

mercredi 3 octobre 2012

Perception


Quel est cet ingrédient magique qui transforme un bon disque, en chef-d'oeuvre intemporel qui tue? Vous savez, ce genre de disque qu'on écoute cent fois sans pour autant être lassé. Celui qu'on préférera réécouter, malgré la pile de nouveautés qui nous fait de l'oeil, celui qui nous attire comme une drogue.

Cette réflexion m'est venue hier en écoutant pour la énième fois "Helplessness Blues" de Fleet Foxes. Disque sublime, surpassant le premier essai du groupe, qui pourtant, mérite lui aussi le titre honorifique trop souvent galvaudé de chef-d'oeuvre. C'est vrai, au final des groupes néo-folk-machin-truc il y en a des tonnes. Chaque mois, des wagons entiers de galettes bio et boisées inondent les étals des boutiques plus ou moins spécialisées. Mais combien de disques qui comptent? Pas beaucoup, un, deux voire trois, bon an mal an. Il y a tant d'albums joliment troussés, très agréables, mais finalement si insipides. Une écoute, deux grand maximum, puis c'est l'oubli. L'objet prendra la poussière sur une étagère ou le fichier mp3 s'égarera dans les arcanes de la machine. Cette réflexion est valable pour tous les styles de musique, ne tirons pas sur l'ambulance.

Quel est l'ingrédient miracle alors? Une grosse part d'âme, ça c'est primordial. Mais ça ne fait pas tout. Le reste appartient au hasard."Right Time, Right Place" en somme. Humeur, ambiance, même la météo joue un rôle. En effet, écouter "Helplessness Blues" en plein cagnard n'offre pas les mêmes sensations que d'écouter ce même disque en automne ou en hiver. Regarder la brume s'élever au dessus d'une forêt humide et multicolore au son de "A Shrine / An Argument" est une expérience bouleversante. Faire la même chose en écoutant "Surfin'U.S.A" est un trip totalement différent. Du coup j'écoute mes disques par saison, et l'automne arrivant je ressors certains précieux en sommeil (un peu comme on ressort le Phil Spector de Noël à Noël)... Tout est une affaire de perception personnelle, de vécu, de connaissances musicales. Chacun a ses propres points de comparaisons, ses critères. Je ne peux qu'exprimer mon point de vue, donner le goût aux autres, mais en aucun cas imposer mon opinion. Tous les blogueurs sont des passeurs, plus encore que la presse spécialisée. Mille perceptions vous sont offertes en un clic, à vous d'en faire bon usage.

Bref, la question reste entière. On ne saura jamais ce qui rend certains albums si particuliers. La virtuosité des musiciens ne rentre pas forcément en compte, ça, c'est la seule certitude que j'ai. Pour le reste... C'est le mystère le plus total, et c'est mieux ainsi. Tout le sel des choses est là, dans le mystère...

Lien Spotify "Fleet Foxes"