mercredi 5 décembre 2012

N°83 HUBERT FELIX THIEFAINE - La tentation du bonheur et Le Bonheur de la tentation - 1996/98

C'est au travers de ce diptyque que je suis entré dans l'univers pour le moins mystérieux du grizzli des montagnes Jurassiennes. Le choc fut tel, qu'il remit en cause une bonne partie de ma perception musicale. "C'est quoi ces textes, cette poésie bizarre? Ça vous déglingue un ado." Et encore, ce ne sont pas les albums les plus fous du monsieur, quand je suis remonté jusqu'à la source, j'ai eu l'impression de franchir plusieurs paliers dans la folie. Je n'en suis pas ressorti indemne, les séquelles sont toujours présentes.

La tentation du bonheur -face blanche-

Départ éclair, direction l'étage 24 via l’ascenseur de 22h43, pour y rencontrer un chanteur un peu fou. Celui-ci nous fait le compte-rendu des ses dernières 24 heures dans la nuit d'un faune. Ou comment écrire une satire sociale sur fond de musique rock sans avoir l'air d'y toucher. S'en suit une plongée vers les abîmes avec "Critique du Chapitre 3", une affaire de contraste. Comme d'habitude la religion et sa fausse morale apparaissent en filigrane. Avec "La nostalgie des dieux", il n'est pas question de prendre des pincettes. Il est vrai que l'homme nourrit une certaine animosité envers tout ce qui se rapproche de près ou de loin à toutes formes de culte. En associant God et gode, l'homme fait fi du pêché originel et se libère par la même occasion de son plus gros fardeau! "Sentiments Numériques Revisités" est un long poème halluciné et amoureux, le genre d'oeuvre qui vous entraîne en son sein comme un typhon emporte un navire. La beauté dans sa forme la plus pure. Il est bien entendu plus souvent question de tentation que de bonheur sur cet album, le contraire eut été décevant.

Le bonheur de la tentation -face noire- 

Noires percussions, vieil écho de "Sympathy For Devil", l'heure du sabbat est enfin arrivée, sacrifions les blaireaux! Une fois achevé le culte rendu à la lune noire, nous pouvons nous tourner vers l'humanité et sa grande mixité. "La ballade d'Abdallah Géronimo Cohen" ou comment prôner la tolérance sans tomber dans des lieux communs. "27ème heure: suite faunesque" est une longue hallucination bluesy émanant des vapeurs de l'alcool. Ici, on baise avec les saints et les vierges deviennent des putes. Le diable et la tentation ne sont pas bien loin et le fantôme de Robert Johnson rôde dans le coin tel un voyeur. Le gros morceau, tant par la forme que par le fond, se nomme "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable", un long spoken word tout bonnement démentiel. Pourquoi se sentir coupable d'être différent quand nous ne recevons des autres que le mépris? Vaste question.

S'il y a une morale à retenir de ce diptyque, c'est que même si nous sommes tentés par le bonheur, celui-ci nous renverra irrémédiablement vers les affres de la tentation.

Lien Spotify Tentation / Lien Spotify: Bonheur

11 commentaires:

  1. Eh moi aussi T, je suis entré chez Hub avec ces deux opus..puis embrayé sur le live Zenith après. Très controversé chez les puriste HFT.. y'a plus Claude Mairet, et beaucoup le trouve trop "chanson" trop pop. Moi j'adore le blanc..y'a des superbes chansons dedans..puis Dieu est amour, et Jésus change le beurre en vaseline :D

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    1. Perso, j'accepte HFT dans toutes ses formes, avec plus ou moins de bonheur, certes. Mais globalement sa disco est franchement bonne. Mes opus préférés restent "Alambic/Sortie sud" et "Defloration 13"... "Trop Chanson", je ne sais pas si c'est un problème, on a quand même un beau patrimoine en France dans ce domaine.

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  2. Ah moi mes préférés ont toujours été Dernières balises... et Soleil cherche futur. Il y a sur ceux-là des morceaux d'anthologie, 113ème cigarette sans dormir, Les dingues et les paumés...Et puis avant il y avait eu Alligator 427.

    Mais en fait je n'ai plus écouté HFT après Alambic.... J'étais passé à autre chose, peur qu'il se répète trop. Et puis d'une certaine façon, il avait des textes qui collaient bien avec nos angoisses d'adolescents, après c'était différent.

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    1. Alambic, c'est le chef d'oeuvre... Après c'est autre chose, est-ce moins bien? Pas sur!

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  3. Ah! Je voudrais bien avoir ses deux albums. J'adore la poésie brillante de Thiefaine et son fiel subtil.

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  4. J'attends l'envie, le déclic ... en fait ça pourrait être lire ta chronique et attaquer ce que j'ai"Supplément de mensonge" & "Thiefaine 78-98"
    mais voilà je suis au boulot et je n'ai pas toute ma musqieu
    Ai je un commentaire utile?
    Oui
    Il ressemble à Don Johnson!
    A+

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  5. @ Devant, jamais de com inutile...

    @ Ce sont des disques très classes, assez loin de la folie des débutes. Mais les textes...

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  6. Devant a sans doute bu un coup de trop...

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  7. MAis si mais si ... je ne confonds avec pas avec son partenaire....

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