samedi 8 décembre 2012

N°84 PUBLIC ENEMY - Fear Of A Black Planet - 1990



Public Enemy avait tout pour devenir le plus gros groupe de sa génération, et pas seulement à l’intérieur des frontières limitées de la planète rap (pas forcément noire). Des textes (ou lyrics) dignes des plus grands, des instrus qui encore aujourd'hui renvoient un paquet de groupe de rap à leurs bacs à sable. Terminator X, le DJ, a simplement élevé le sampling au rang d'art. Ratissant large, de la soul au métal en passant par le funk voir le rap(!), afin de créer une musique totalement nouvelle et novatrice. Certes, aujourd'hui ce genre de chose ne serait plus faisable, les maisons de disques étant bien plus regardantes sur les droits d'auteurs. Il parait que James Brown intentait un procès à chaque sampling d'une de ses oeuvres, c'est dire à quel point le Godfather était largué à cette époque. Car si sampling il y a, c'est bien souvent pour appuyer le propos, tout en lui rendant un vibrant hommage. Pas de pillage! La force de frappe du groupe doit aussi beaucoup au charisme de Chuck D, l'un des meilleurs rappeurs et auteurs de tous les temps; sans oublier Flavor Flav qui est là pour détendre l’atmosphère chargée à grand renfort de phrases qui tuent. Déjà en 1988, Public Enemy avait fait trembler la planète avec un monument, le grandiose "It Take A Nation Of Millions To Hold Us Back", mais "Fear Of The Black Planet" va encore plus loin, toujours aussi engagé, mais musicalement encore meilleur.

Basses profondes, scratching omniprésent, nul doute, nous avons bien affaire à un album de hip hop old school, et autant le dire tout de suite, on n'a pas fait mieux depuis. "Brothers Gonna Work It Out" mettra tout le monde d'accord, Public Enemy est une machine redoutable, à faire capituler un amateur de rock. L'album regorge d'hymnes surréalistes, comme ce démentiel "Burn Hollywood Burn", en collaboration avec Ice Cube et Big Daddy Kane, un rap rouleau compresseur qui à défaut de mettre le feu à Hollywood, embrasera au moins votre salon. S'en suit un "Power To The People" viscéral, le genre d'hymne slogan à vous soulever une foule, un véritable générateur d'émeutes! Encore une fois le rythme est hallucinant, très loin du pseudo gangsta-rap mainstream d'aujourd'hui. "Fear Of A Black Planet", la chanson, est un manifeste, mais comme toujours musicalement c'est très dansant! La révolte ou révolution en musique voilà ce que laisse entrevoir un skeud de Public Enemy, tout un art. L'album se termine avec "Fight The Power", sorte de rap ultime, une photographie d'une époque aujourd'hui bien révolue. On dit souvent que le rock est mort, mais qu'en est-il du rap? Tout aussi raide, sinon plus. Bien sûr, dans le milieu underground, il y a des choses sublimes, mais c'est également valable pour le rock indé.

Gardez votre esprit vif, "Don't Believe The Hype"!

Lien Grooveshark

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.