dimanche 13 janvier 2013

DRIVE MY CAR, rock motorisé.


Odeur de skaï et de super plombé, le rugissement du V8 fait trembler les murs, la Shelby Cobra 427 sort de son écrin et laisse une gigantesque traînée de gomme calcinée sur la route. Le rock et les bagnoles sont intimement liés. Des chansons pour la route par milliers, mais surtout un petit paquet évoquant directement les voitures et parfois même, des modèles bien précis. Prêt pour un petit tour de piste?

C'est en réécoutant un vieil (forcément) album de Dick Dale, "Mr Eliminator" pour être précis, que j'ai eu l'idée de cet article, une évidence. A une certaine époque, beaucoup de Surf-rockers ont délaissé les planches pour des bolides sur-vitaminés. En 1963, les Beach Boys ont publié "Little Deuce Coupe", un album emblématique du genre. Plus aucune trace de surf dans les compositions des garçons de plage, place aux belles mécaniques. "Cherry, Cherry Coupe", "Custom Machine" ou encore "Little Honda", des titres qui transpirent l'huile de vidange et le chrome. Et puis, une grosse bagnole est un symbole de virilité, d'autant plus si elle possède un "énorme" Flaming! La même année Dick Dale a lui aussi sorti son album "hommage" aux voitures, mais sur un ton plus sauvage. "Checkered Flag" contient son lot d'hymnes motorisés, "Surf Buggy", "Hot-Rod Racer" ou "426-Super Stock", tout cela fleure bon la course de rue. Toujours en 1963, les Marketts ont lâché un "Take To Whells" entièrement dévoué aux Shelby Cobra et autre Corvette Sting Ray. Chuck Berry fera même s'affronter l’Amérique et l'Angleterre dans un duel au sommet avec le mythique "Jaguar & Thunderbird". Mais, quand les Beatles chantent "Drive My Car", on a des doutes sur le propos de la chanson, si cette fille va bien tâter du levier de vitesse, pas sûr que ce soit celui d'une Aston-Martin.

Le culte de la voiture ne se limite pas aux seules années soixante, certes aujourd'hui peu de groupe oseraient sortir un album entier dédié à l'automobile, à part peut-être pour vanter les mérites d'une voiture électrique. Quoi? Quelqu'un l'a fait! Mais qui? Ce sacré Neil Young bien entendu, avec un "Fork In The Road" de sinistre mémoire. Non pas que le disque soit vraiment mauvais. Mais honnêtement, qui irait s'enfiler dix chansons causant d'une même caisse branchée sur le secteur? Je n'ai rien contre les voitures électriques, mais avouons que le concept-album est foireux. Les premiers disques de Springsteen sont également bourrés de références aux Muscle-Cars et autres courses de rue. Mais le jeune Bruce recherche surtout la liberté, et la voiture en est la clé. Toujours ce même combat en somme, la LIBERTÉ, en cela le rock et les bagnoles sont une utopie!

Destination finale, l'enfer! A tombeau ouvert, le rocker file, poursuivi par la faucheuse. Que ce soit un tueur sur la route, "Riders On The Storm", ou un fantôme, "Road To Hell", le résultat reste le même et l'issue sera fatale. Le lien entre l'homme et la machine est plus complexe qu'il n' y parait. Fascination mêlée de dégoût, parfum de danger. Destins brisés, Marc Bolan, Eddie Cochran, Duane Allman (moto) et tant d'autres. Le Spyder Porsche 550 est surtout devenu célèbre grâce, ou à cause, de l'accident mortel de James Dean, son Little Bastard portait finalement bien son nom.

Un dernier exemple pour la route. La description sublime faite par Gainsbourg au début de "Melody Nelson" de sa Rolls Royce Silver Ghost de 1910 et de ses 26 chevaux vapeurs. L'attirance est sexuelle, la beauté des courbes du Spirit Of Ecstasy qui orne le réservoir de la bête obnubile tant le narrateur qu'il percutera cette jeune fille qui le conduira à sa perte. Rien n'est jamais facile et l'homme est toujours perdant.

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