vendredi 29 mars 2013

N°98 ROY ORBISON - Mystery Girl - 1989


Le coeur de Roy Orbison cessa de battre le 6 décembre 1988, "Mystery Girl" est par conséquent un cadeau que nous envoie le Big O de l'outre-monde. Cet album est le dernier enregistré par l'homme à la voix d'or, il sort peu de temps après son escapade avec les Traveling Wilburys. D'ailleurs, à l'exception de Bob Dylan, déjà bien occupé avec son "Neverending Tour", tous les Wilburys sont présents sporadiquement sur ce disque. Jeff Lyne à la production, Harrison et Petty en guest de luxe.

Débutant avec l'intense "You Got It", cet album possède une aura particulière, le son est assez marqué par les années 80, mais cela n’entache en rien la beauté de la chose. Certes aujourd'hui on pourra lui reprocher un côté daté, surtout en comparaison avec l'intemporalité de l'époque Monument. Mais dans le même temps, "Mystery Girl" est parfois rétro-futuriste, car si le son est "moderne", les compositions baignent de toute leur âme dans les années 50. "In The Real World" est une ballade typique de Roy Orbison, parole sucrée et mélodie tire-larmes; ce qui chez d'autres serait risible ici tire vers l'infini. Magnifique. Et puis il y a cette voix, démentielle, si chargée en émotion qu'elle vous serre le coeur et l'âme, le tout à la fois. Une chose indéfinissable qui va au-delà de la musique, la marque des grands. Le soleil et le ciel bleu de la Californie ne soigneront pas les peines de coeur, "California Blue", la tristesse sous un ciel toujours vif. "She's A Mystery To Me" est assurément le sommet de l'album, cette chanson fut écrite par Bono et The Edge de vous savez quoi, elle est la preuve que le problème de U2 ne vient pas de ses compositions. Bref, "She's A Mystery To Me" n'est pas loin d'être la plus belle chanson d'amour du monde, le plus vibrant hommage rendu à ces êtres troubles et mystérieux que sont les femmes. Même sur un thème bateau et éculé comme le surf, le vieux Roy brille de mille feux, "Windsurfer" est léger comme l'air, de la pop américaine typique d'une époque défunte.

Même si "Mystery Girl" est un peu hétéroclite, parfois bancal ou mal produit, ce disque est génial, bourré de grandes chansons, et puis c'est Roy...

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dimanche 24 mars 2013

BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB - Specter At The Feast


Ce groupe souvent considéré comme des seconds couteaux, de bêtes suiveurs du Brian Jonstown Massacre m'a toujours fait vibrer, ne m'a jamais déçu. Qu'il envoie du gros bruit au travers de mes enceintes ou qu'il s'aventure sur des terrains moins chamboulés, le plaisir est toujours au rendez-vous. Et "Specter At The Feast", leur septième opus ne déroge pas à la règle. Je dirais même que comme ça à la première écoute, c'est peut-être leur meilleur album. Plus mature (mais ça ce n'est pas forcement un gage de qualité), plus varié et carrément plus stellaire, voire planant. Toujours ce psychédélisme sombre, mais qui lentement dérive vers la lumière. Sur le fil du rasoir, mais plus de l'autre côté du Styx comme c'était le cas sur le précédent et excellent "Beat The Devil's Tattoo". Les rebelles noirs du club de motocyclette défrichent de nouveaux terrains; si naguère la formation s'apparentait à une virée de Hell's Angels prêts à en découdre, aujourd'hui la ballade se veut plus paisible, un petit ride au soleil avec parfois une légère bourre histoire de faire parler la poudre. "Specter At The Feast", à la manière d'un vieux disque de Rockhab', alterne les morceaux rapides purement rock et les titres plus éthérés, pas forcément des ballades, mais des chansons plus aériennes et intenses. C'est avec cette deuxième catégorie de titres que l'album prend tout son sel, non pas que les morceaux plus piquants soient mauvais, loin de là, ils sont juste plus banals, mais dans le même temps nécessaires pour porter les ambiances vaporeuses vers des cimes difficiles à atteindre.

Les spectres vaporeux s'élèvent au-dessus de leurs tombeaux pour venir tutoyer la lumière du jour. Ces marcheurs du feu entament une longue procession malade vers l'infini. Après "Fire Walker", "Let's The Day Begin" tourne un peu plus la poignée de gaz, la rythmique est lourde, on retrouve le son des débuts. Mais déjà "Returning" s'offre à nous; un voyage climatisé sous un soleil de plomb. Un doux cocon enveloppant qui nous protège du monde. Le morceau se déploie comme les ailes d'un faucon qui s'envole vers des cieux plus bleus; comme si le temps lui-même disparaissait. "Hate The Taste", "Rival" et "Teenage Disease" forment un triptyque musclé et dansant dans la plus pure tradition de ce que nous propose BRMC depuis ses débuts. Sympa, mais pas transcendant non plus. Le final "Lose Yourself" est beau à pleurer, merveille de douceur, onirique et brumeux; tutoiement d'étoiles se laissant aspirer dans un grand trou noir émotionnel. Monter si haut nous fait soudain nous sentir cons lorsque le rideau se referme.

"Specter At The Feast" est un disque sublime. Rien à dire de plus.

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samedi 23 mars 2013

N°97 RENAUD - Marche à l'ombre - 1980


Voici certainement l'artiste que j'ai le plus écouté durant mon adolescence, et c'est la première fois que j'en parle ici. Pourquoi seulement maintenant? Sans doute un reflexe de vieux snob, qui consiste à cracher sur ce qu'on aimait jadis. Des conneries quoi! Toujours est-il qu'aujourd'hui ma copine a extirpé cet album de son emplacement poussiéreux, et soudain les souvenirs ont resurgi par milliers. Le collège, les potes, les cours et tout le reste. Des troubles adolescents, ma mémoire n'a gardé que les moments doux. Avec les années, je ne sais plus vraiment ce qui est du domaine de la fiction ou de la réalité, c'est le flottement total. Mais si ce voyage dans le temps m'a fait un bien fou, il m'a aussi pas mal miné. La nostalgie, cette putain attendait paisiblement tapie dans l'ombre avec ses griffes bien affûtées. Nostalgie pour cette période floue au sortir de l'enfance, où déjà il faut prendre conscience du monde, choisir SA voie, comme s'il y avait UNE voie! A ce moment précis, deux choix s'offrent à vous, soit vous baissez la tête et suivez le troupeau, soit vous vous révoltez. Et Renaud fut pour nous (un pote et moi), le véhicule de cette révolte adolescente, un maître à penser. Aucune notion de démagogie à cette époque, d'ailleurs le mot lui-même était absent de notre vocabulaire. On avait la fougue de la jeunesse et la certitude d'avoir un combat à mener, et de toute façon les politiques c'est que des pourris...

Ce qui me frappe aujourd'hui, c'est la qualité intrinsèque du disque; "Marche à l'ombre" est drôle, bien écrit, musicalement très bon, bien meilleur que les récents albums du chanteur. En fait, c'est le Renaud actuel qui a parasité le jeune Renaud dans ma tête. Un peu comme un jumeau honteux. Mais "Marche à l'ombre" est un bon disque de "rock français", oui, de rock, car c'est bien de cela dont il s'agit! Tout aussi "rock" que Higelin, Thiefaine ou Bashung! Inutile de faire la revue du disque tant celui-ci est ancré dans l'inconscient collectif: "Marche à l'ombre", "Les aventures de Gérard Lambert" ou encore "Dans mon H.L.M", tout ça c'est du patrimoine.

J'ignore s'il est de bon ton d'avouer aimer Renaud dans le milieu des amateurs de musique, c'est sans doute trop populaire (au sens populo du terme), mais je m'en fiche totalement. Ce type est pour beaucoup dans mon amour de la musique. Je m'en vais me replonger un peu plus dans sa discographie, nostalgie quand tu nous tiens...

A mon pote Iaco a.k.a Yako a.k.a Xahoa

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mercredi 20 mars 2013

ZOMBIE ZOMBIE - Rituels d'un Nouveau Monde


Errances immobiles et science-fictionnelles, rêverie aux frontières de la quatrième dimension. Découverte d'un nouveau monde aux rituels bien étranges. Même quand Zombie Zombie ne s'affaire pas à reprendre du John Carpenter, la filiation avec le cinéaste/musicien et ses lourdes atmosphères synthétiques est évidente. Des ambiances qui se posent doucement, sans excès de note avec toujours cette sensation d'espace qui rend le voyage plus intensif encore. A l'image de sa pochette, ce disque transmet des visions de paysages nouveaux aux couleurs différentes et inconnues.

Départ vers l'autre monde, l'astronef est prêt pour ce périple au-delà de la lune. "The Wisdom Of Stone" évoque ce calme étrange qui précède les voyages, plus une affaire de concentration. Ce morceau d'ouverture fait fortement penser à la b.o réalisée par Air pour la re-sortie du "Voyage dans la lune" de Mélies; la grande classe. Feu, les rétro-fusées brûlent le précieux carburant, l'équipage s'apprête à foncer vers l'inconnu. "Illuminations" étale son atmosphère oppressante comme un bon vieux film de science fiction aux effets spéciaux cheap. Les percussions sont démentes, totalement débridées au milieu d'un magma sonore qui évoque une sorte de jazz futuriste. Arrive ensuite une étonnante relecture du "Rocket #9" du grand Sun Ra, interprété en mode Kraftwerk. C'est un poncif lorsqu'on parle d'electro d'évoquer les électriciens de chez Kling Klang, mais ici tout concorde, les machines, les voix monotones et robotiques, tout est là. Un double hommage rudement bien troussé. Sont-ce là les fameux rituels d'un monde nouveau? "Watch The World From A Plane" marque un retour vers une ambiance à la Carpenter, un exercice dans lequel le groupe excelle. "Forêt Vierge" déverse son flot de musique répétitive à l'extrême, l’armature du morceau est limpide et audible à chaque instant, un tel minimalisme force le respect. "L'âge d'or" est une réminiscence de "Trans Europe Express", preuve en est que même dans un monde nouveau, les choses restent identiques. Il n'est pas de réelle découverte. Ce voyage sans retour se termine avec "Black Paradise", un final épique mais inquiétant qui n'augure rien de bon pour les astronautes égarés sur ce monde hostile aux rituels bizarres.

Un album génial de bout en bout. Un vrai petit bijou de musique électronique comme il y en a peu.

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mardi 19 mars 2013

DR JOHN - Locked Down


Cette chronique débarque avec beaucoup de retard, trop même! La vie est parfois/souvent faite de rendez-vous manqués, ou de hasard de calendrier. Toujours est-il que j'ai loupé le dernier breuvage du bon docteur vaudou. Ce n'est pas l'ignorance de sa parution qui est en cause, d'autant que d'illustres amis blogueurs m'ont en vanté les mérites à plusieurs reprises. Mais las, je suis passé à côté sans trop savoir pourquoi, sans doute la peur d'une déception à la hauteur de mes attentes démentes. Rien que le fait de savoir que Dan Auerbach des Black Keys est à la production ainsi qu'aux guitares me fait hérisser le poil (de plaisir)! Mais trêve de bavardage inutile, la Nouvelle-Orléans nous tend les bras.

Démarrage en trombe avec "Locked Down", comme dans un bon vieux polar des 70's. La chanson-titre est un gros funk bouillant bien typé avec la petite touche de vaudou qui va bien. Le docteur est de retour aux affaires et ça va saigner, sans doute y aura-t'il quelques obligatoires sacrifices de poulets. S'en suit un "Revolution" engagé porté par des cuivres incendiaires et une rythmique satanique... La température monte encore d'un cran ou deux! Par je ne sais quelles décoctions louches, le docteur nous fait ensuite voyager dans le temps; sans doute un subterfuge de vieux sorcier. Toujours est-il que son "Big Shot" est divinement roots. Plus loin, "Gateway" groove comme pas possible, de la pure soul poisseuse du bayou, un bain en compagnie des alligators. Avec "Eleggua", c'est le Night-tripper qui se rappelle à notre bon souvenir: soudain la pièce se remplit de fumée et, traversant les lourdes volutes, le jeune Malcolm John Rebennack Jr nous salue tel un songe du passé, mais pourtant si réel.

A plus de 70 ans, l'infatigable docteur nous livre un album juste démentiel. Un gumbo soul produit dans la poisse et pourtant si raffiné. Classe ultime!

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lundi 18 mars 2013

SEARCHING FOR SUGAR MAN, un film de Malik Bendjelloul


Voici la plus belle histoire depuis la naissance du rock, avec celle de Robert Johnson, mais celle-ci est vraie...

Sixto Diaz Rodriguez, illustre inconnu jusqu'il y a peu, remis sur les rails de la gloire en occident via les rééditions de ses deux seuls albums par le formidable label Light In The Attic. Découvrir tardivement les disques de Rodriguez (40 ans après leurs sorties), c'est comme tomber par hasard sur le Graal. Un truc dément! Le mec est un magicien: quand il prend sa guitare quelque chose se passe, quelque chose qui dépasse les simples frontières de la musique. Un truc mystique, la marque des grands. Mais grand, Rodriguez ne le sera jamais, deux magnifiques tours de piste et c'est le retour à l’anonymat, l'oubli, sauf... sauf en Afrique du sud où le latino est plus célèbre que Elvis Prelsey, le King. Incroyable! Son premier album, "Cold Fact", devient même l'un des étendards de la lutte contre l'apartheid! Mais plus incroyable encore, de ce succès Rodriguez ne saura rien! Pas de droits d'auteur, aucune glorification, nada! D'ailleurs tous ses fans sud-africains le croient mort et enterré!

Avec l'arrivée d'internet, deux fans décident de partir sur les traces de Sixto "Sugar man" Rodriguez, avant tout pour répondre à cette question cruciale: comment est mort Rodriguez?. La rumeur (alors vérité pour les fans Africains) raconte qu'il se serait suicidé en direct sur scène, dément! Finalement les deux hommes retrouvent la trace du chanteur et le rencontrent, à partir de ce moment l'histoire devient réellement bouleversante. Mais je vous laisse découvrir ça par vous-même.

Malik Bendjelloul nous livre un documentaire parfait esthétiquement, ambitieux, émouvant; bref, "Sugar Man" est sans conteste le plus beau film paru dernièrement. En fait, plus qu'un simple documentaire, "Searching For Sugar Man" est un chef-d'oeuvre absolu, une histoire digne d'un film Hollywoodien, avec son lot de défaites et sa victoire finale en forme de Happy-end mérité. Mais celle-ci est vraie!

Lien spotify vers la b.o

Bonne nouvelle: un troisième album est en projet, Rodriguez aurait environ une trentaine de chansons dans ses cartons. Une sortie est encore possible cette année.

dimanche 17 mars 2013

FÖLLAKZOID - II


Rendez-vous dans l'espace, l'astre-débris dérive dans le vide et le noir total laissant s'échapper des sons d'un autre temps. Des rêves de mondes inconnus, des tempos répétitifs et hypnotiques. Föllakzoid distille un rock futuriste et psyché, qui malgré les origines Chiliennes du groupe ne transpire pas sous le soleil. Découpé en cinq longues plages quasi-méditatives, "II" offre un voyage halluciné au confins de l'imaginaire. A la manière d'une pilule psychédélique et avec un peu d'abandon de soi, le disque agit tel un psychotrope léger et relaxant, de la même façon que les anciens Tangerine Dream.

Impossible de détailler ici chaque morceau, tant le tout est indissociable, formant une sorte d’odyssée spectrale et intérieure. A la fois froid et robotique, vibrant et organique, le son de Föllakzoid est assez difficile à décrire. C'est plus une affaire sensorielle, une expérience aux abords de l'étrange. Le long final "Pulsar" se détache tout de même par son potentiel épique, l'apothéose du voyage; quand les visions se font plus rudes, presque violentes. L'astronef Föllakzoid bascule dans l'hyper-espace et ne ménage plus ses passagers. La fin est assez brutale, elle laisse l'auditeur songeur, encore un peu assommé, entre chien et loup. Comme au sortir d'un rêve, le retour à la réalité prendra un petit laps de temps.

"II" est un disque billant, mais certainement pas un compagnon quotidien: c'est un album qui se mérite, qui se savoure religieusement sans être dérangé. Une oeuvre difficile.

Un grand merci au fantastique Charlu pour cette découverte.

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mardi 12 mars 2013

DAVID BOWIE - The Next Day


Avant écoute.
La chose est colossale, un retour aux affaires du Thin White Duke, de Ziggy Stardust, de l'homme-chien revendu aux publicitaires, le tout à la fois; David Bowie fait son "Come-back" après dix ans d'un silence pesant. On le disait malade, rongé par le crabe, agonisant lentement loin des médias dans son appartement New-Yorkais. Et voici que déboule sans crier gare "The Next Day", un album dense à la pochette bizarre. Comme pour mieux souligner le travail du tandem magique Bowie-Visconti, celle-ci reprend "Heroes" façon art moderne, comme une oeuvre feignante mais intrigante à la fois. "Where Are We Now?", un premier single envoyé en éclaireur, un clip qui active la machine à souvenirs, une voix chevrotante, fragile et chargée en émotion, suffit à raviver la flamme. Bien entendu, les esprits chagrins pourront reprocher le classicisme de la chose, le manque de folie ou d'innovation, mais la vérité est ailleurs, loin des expérimentations parfois (souvent) foireuses des ses vingt et des poussières dernières années.

A vrai dire, je n'ai que peu écouté le "Bowie post-Berlin", les rares tentatives se sont soldées par des échecs. Et pour être tout à fait franc, je préfère le Bowie des débuts, disons de "Space Oddity" à "Aladdin Sane". Mais "The Next Day", c'est l’évènement de ce début de printemps (ou de cette fin d'hiver); je ne sais pas si c'est du à la folie médiatique qui entoure sa sortie, mais je le sens bien ce disque.

Après écoute.
Démarrage en trombe avec la chanson-titre, histoire de remettre les pendules à l'heure avec un rock bien lourd. Le refrain semble faire référence aux rumeurs de mort, les faire taire et mettre tous les colporteurs à terre. Encore une fois, David Bowie maîtrise son image à la perfection, en bon chef d'orchestre de la manipulation médiatique. "Dirty Boys" est un blues décrépi et bancal, qui étrangement n'aurait pas fait tache chez Tom Waits, la classe british en plus. Le dandy s'égare sur des chemins poisseux. Le nostalgique "Where Are We Now?" se fond lentement dans l'atmosphère, sur ce titre Bowie fait son âge et c'est troublant. "Valentine's Day" semble émaner des premières années, avec cette mélodie qui se déploie jusqu'à l'infini (remember "Life On Mars?"). L'album referme ses portes avec deux chansons magnifiques "You Feel So Lonely You Coul Die" et "Heat". La première est une ballade magnifique qui évolue en état de perfection, sans effort, tandis que la seconde plonge lentement vers d’insondables ténèbres.

"The Next Day" n'est pas un album parfait, un peu trop dense, parfois longuet, la faute à quelques titres plus faibles. Mais malgré cela ce disque est un bon cru Stardustien! Même en l'écoutant de manière neutre ou comme la première oeuvre d'un illustre inconnu, celui-ci se tient magnifiquement!

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dimanche 10 mars 2013

N°96 TANGERINE DREAM - Rubycon - 1975


Voyage halluciné au bord du vide. Noir sidéral et vision du futur. La musique de Tangerine Dream est méditative, celle distillée sur "Rubycon" possède en plus une touche magique, presque chamanique. Médecin-sorcier indien de l'espace. L'album se divise en deux mouvements d'environ dix-sept minutes, "Rubycon Part I" et "Rubycon Part II". Le tout forme une longue odyssée en terre inconnue. L'épopée débute dans les ténèbres des fonds marins. Dialogue de dauphins magnétiques flirtant avec d'étranges créatures dans l'abyssal monde souterrain. Mais peu à peu les choses dérivent, la machine se met en route, le vaisseau est prêt. Le drone créé par les VCS 3 et APR 2600 semble servir de moteur à ce navire "enterprise" de la psyché. Élévation, lévitation, départ vers l'intersidéral, l'espace semble s'offrir au voyageur immobile. Pris dans un tourbillon électronique sans fin, les visions SF se multiplient. Des planètes rondes et petites comme des billes, lointaines, que jamais nous n'explorerons, perdues dans la nuit du vide galactique. Nous avons quitté un enfer pour un autre.

Deuxième partie, retour au point zéro. "Rubycon part II", hostilité frontale; enfermé dans une prison de verre, le voyageur immobile se prend à son propre piège. Tout cette affaire tourne mal, l'atmosphère se refroidit encore avant de devenir glaciale. Et puis il y a ces lamentations qui ne cessent de s’amplifier, comme une rumeur atroce. Le calvaire des machines, le bruit sourd des robots. Déjà au loin résonne le drone du VCS3, comme un moteur ami, la fin de cette mauvaise passe. Il est temps pour le voyageur immobile de rentrer chez lui. Un voyage retour chargé de tristesse et de déception, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Les fonds marins paraissent soudain si chauds, tel un cocon nourrissant et indispensable .

"Rubycon" offre des visions à la fois terribles et belles à celui qui sait écouter. Parfois très inquiétant, sorte de préambule vaporeux aux musiques de John Carpenter. Le VCS3 et l'APR 2600 sont pour beaucoup dans l'ambiance du disque, leurs modulations hypnotiques ont également façonné le son de l'album "Dark Side Of The Moon" de Pink Floyd. Parfois le germanique "Rubycon" est assez proche de son aîné britannique, mais en plus extrême. Pas l'ombre d'une chanson, aucun format, sans concessions.

jeudi 7 mars 2013

N°95 RÖYKSOPP - Melody A.M - 2001


Rares sont les premiers albums parfaits, souvent la fulgurance accidentelle d'une oeuvre juvénile est un don empoisonné. Comment réitérer la chose, comment poursuivre sans décevoir? Lourde tâche, quasiment insurmontable. Quand la carte de visite est trop belle, c'est qu'elle porte en elle les graines des déceptions futures. "Melody A.M." ne déroge pas à cette règle cruelle, car Röyksopp peinera à rallumer cette flamme mystique qui consumait leur premier album de bout en bout. "The Understanding", "Junior" et "Senior" ont beau être de très bons disques electro, ils peinent à se hisser au niveau de cette matinale mélodie.

Chant de feu follet dans une forêt hivernale, déjà la neige blanchit la nuit. D'étranges vibrations colorent les sons, saturent les couleurs; au solstice nous rendrons hommage aux dieux nordiques dans une réalité alternative. "So Easy" ou le rêve d'humanité d'une machine. Le chant des robots, mélodie paradoxalement chargée d'une étrange mélancolie, "Eple" la lisse complainte d'une vie sans vie. Plus loin, "Poor Leno" est une rêverie pop, si naïvement géniale qu'elle semble évoluer en état de grâce. Son formidable clip est une divagation cryptozoologique et dans le même temps une fresque écologique. Dans un registre plus classique "Remind Me" s'élève lentement comme le soleil matinal. De nouveau, le morceau est à la fois basique et magique, surnaturel. L'album se referme sur l'énigmatique "40 Years Back Home", ambiant atmosphérique, à la fois pop sucrée et Floydien ("Echoes"). Une manière douce de quitter ce monde climatisé avec la solide impression d'avoir trouvé le pays des merveilles entre les hallucinations d'amanites et les circuits imprimés.

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lundi 4 mars 2013

HUBERT FELIX THIEFAINE, une première fin de millénaire (suite et fin?)


Nous avons laissé le poète en pleine métamorphose, en plein divorce, le compagnon Claude Mairet abandonné sur le bord de la route. Comme pour mieux renaître, Thiefaine prend le large et pour son neuvième album studio, il part à New-York, sans même une maquette.


1990 - Chroniques bluesymentales

Le disque de la rupture, rien ne sera jamais plus comme avant. La folie musicale d'antan laisse place à un classic-rock fortement américain. Les textes sont toujours aussi perchés, mais malgré tout moins punks, moins infantiles, moins tribals. "Chroniques Bluesymentales" est un album peu connu du jurassien, et pour tout dire, il est un poil faible. Et ce malgré de biens belles choses telles que "Demain les kids", "Un automne à Tanger" ou encore le folkeux "542 lunes et 7 jours environ".


1993 - Fragments d'hébétude

Toujours enregistré aux Etats-Unis, mais cette fois sous le soleil de L.A, "Fragments d'hébétude" creuse le même sillon que l'album précédent. Le son se durcit, virant parfois hard, un peu à la manière de ce que fait Paul Personne. Ce dixième opus est copieux, quatorze titres pour près de soixante-dix minutes. "Crépuscule transfert", le morceau qui ouvre les hostilités semble sorti du néant pour venir cracher à la gueule de l'humanité. Avec "Animal en quarantaine", les oripeaux  Thifainiens cèdent leur place au doute. La face cachée de la nuit se fait de plus en plus visible. Si "Fragments d'hébétude" peine à se hisser au niveau des sommets passés, il demeure un album agréable, bien que très classique dans la forme.


1996 - La tentation du bonheur  

Premier volume d'un diptyque, ce onzième album est une petite merveille. Le son est classe, les compositions moins lourdement rock et les textes sont du nectar. "24 heures dans la nuit d'un faune" ou comment ouvrir un disque avec une tuerie. Le genre de morceau qui vous marque au fer rouge lorsque vous l'écoutez ado. Les obsessions religieuses sont aussi plus présentes, "Critique du chapitre 3", "La nostalgie des Dieux" ou "Orphée nonante huit". Thiefaine n'en finit plus de régler ses comptes de petit séminariste.


1998 - Le bonheur de la tentation

Face noire du diptyque "religieux", "Le bonheur de la tentation" est plus aventureux que son aîné. Des percussions tribales de "Retour vers la lune noire" à l'harmonica Dylanien de "La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen" en passant par le délire éthylique du "Chaos de la philosophie", tout ici est délicieux. Malheureusement pour toutes ces belles chansons, l'album abrite également un vampire, une oeuvre Caterpillar qui détruit tout sur son passage. "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable" est la quintessence poétique de Thiefaine, son climax.


2001 - Défloration 13   

Album vaporeux et glauque! Bourdonnement de trip-hop malsain crachant ses toxines sur les divagations acérées du poète. Pour son entrée dans le nouveau millénaire, HFT donne un gros coup de pied dans la fourmilière.  Débutant par un étrange hommage à Brian Jones avant d'embrayer sur le visionnaire "Quand la banlieue descendra sur la ville", ce disque ne vous laissera aucun répit. Claustrophobe, à la fois organique et machine, "Défloration 13" est une lame aiguisée et froide. La beauté noire de "Camélia: huile sur toile" peut vous conduire sur les voies sans issue de la folie.


2005 - Scandale mélancolique 

Voici un disque bien classique; surtout après le choc que fut "Défloration 13". Ici, Thiefaine le compositeur laisse son fauteuil à plusieurs "jeunes" artistes tels que JP Nataf, M ou Mickey 3d. Nous avons même droit à un duo avec Cali, l'étonnant "Gynécée". C'est si beau qu'on oublierait presque la présence de l'indésirable invité. "Scandale mélancolique" est de par la valse de ses compositeurs un brin hétérogène, mais il contient son lot de belles choses, "L'étranger dans la glace", "Libido Moriendi" ou encore "When Maurice Meet Alice", un vibrant hommage aux parents du chanteur.


2007 - Amicalement Blues - en duo avec Paul Personne  

Johnny Hallyday faisait un énième retour foireux au blues, parmi les auteurs et compositeurs présents sur le projet, il y avait nos deux compères. Aucune de leurs chansons ne furent retenues, mais la tentation du blues était trop forte. C'est ainsi qu'en novembre 2007 débarque dans les bacs un disque de blues-roots enregistré vite fait bien fait. Une saillie salutaire très loin de "Scandale Mélancolique".


2011 - Suppléments de mensonge 

Le dernier en date. Sa longue gestation ne fut pas de tout repos, entre burn-out et résurrection, tel le phénix Thiefaine renaît. "Suppléments de mensonge" est un disque magnifique, dans la veine de "Scandale mélancolique" mais en mieux, beaucoup mieux. Les morceaux intenses ne manquent pas, "Fièvre ressurectionnelle", "Les ombres du soir" et "Petit matin 4.10 heure d'été", une bouleversante fresque sur le mal-être. Un chef-d'oeuvre de plus.

Hubert Felix Thiefaine fait partie des artistes que j'aime envers et contre tout. Il est dans ma vie, comme un pote un peu fou, mais qui trouve toujours les mots du réconfort. Pour tout ça merci, et à bientôt l'ami...

dimanche 3 mars 2013

HUBERT FELIX THIEFAINE, les dix premières années


Le grizzli des montagnes Jurassiennes a bercé mon adolescence, ce type a fait partie du déclic qui m'a conduit vers le grand Barnum qu'est le Rock'n'Roll. Une première descente aux enfers par la face nord, un abandon de soi entre poésie, humour et folie. Mais concentrons-nous sur les jeunes aventures du monsieur. Dix premières années discographiques riches, tant en terme de quantité qu'en qualité, dix années en constante mutation; un rollercoaster émotionnel fulgurant.


1978 - Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir 

Celui par qui tout commence, la première folie de monsieur Thiefaine. Débutant avec le surréaliste "Ascenseur de 22H43", ce premier album est très folk. Composé avec les potes du groupe Machin, le tout est encore un peu vert, mais contient son lot de franches réussites. L'humour noir est déjà présent, notamment sur le fendard "Maison Borniol", fresque décrivant les envies de réussite d'un croque-mort alcoolique. Le disque renferme également le plus grand tube (encore aujourd'hui) de Thiefaine, "La fille du coupeur de joints". Cet hymne hippie est un peu l'arbre qui cache la forêt, mais il fait son petit effet.


1979 - Autorisation de délirer

"Autorisation de délirer" est dans la continuité du premier album, mais en mieux. Les compositions se tiennent mieux, et le son est meilleur. Toujours réalisé avec le groupe Machin, ce disque est encore plus fou. Dès les premières notes de "La vierge au Dodge 51", on embarque pour la planète Thiefaine. Le moins que l'on puisse dire est que l'homme ne force pas l'invitation, usant de l'accent et des excès jusqu’à la rupture; il faudra une bonne dose de résignation pour entrer dans l'univers du mec. Encore une fois l'album contient des sommets mémorables, "La môme Kaléidoscope", "Rock-Autopsie" mais surtout "Alligator 427", une fresque hallucinée sur fond de catastrophe nucléaire.


1980 - De l'amour, de l'art ou du cochon 

Exploitant une dernière fois, la formule qui fit le succès des premiers skeuds, "De l'amour, de l'art ou du cochon" montre des gros signes de fatigue. Clairement en-dessous de ses prédécesseurs, fabriqué avec des restes, il demeure aujourd’hui encore l'album le plus faible du monsieur. Thiefaine lui-même dit l'avoir fabriqué sans grande conviction, sa tête était déjà ailleurs. Malgré tout, le disque s'écoute sans déplaisir. "Groupie 89 turbo 6", "La psychanalyse du singe" ou encore "L'agence des amants de madame Müller", c'est tout de même du haut de gamme.


1981 - Dernières balises (avant mutation)

Alors là, on bascule dans un autre univers, fini la blague et la gaudriole. L'ambiance est noire, la musique devient plus tranchante. Les amis de Machin sont toujours de la partie, mais le trip n'est plus le même. "113ème cigarette sans dormir" ouvre les hostilités, le morceau tire à boulets rouges sur quasiment tout, de la poésie véloce et acérée. "Cabaret sainte Lilith" pousse le malsain dans des retranchements rarement atteints, prostitution, religion et culpabilité. Déjà, la dépression guette. A noter la présence du pape Jean-Paul II sur ce titre. Plus loin, la trilogie terminale que forment "Une fille au rhésus négatif", "Exil sur planète-fantôme" et "Redescente climatisée" file des frissons. Quelques minutes hors du temps, quand la musique tutoie la félicité, défonçant les portes de la perception à grands coups de bélier.


1982 - Soleil cherche futur

Celui-ci forme un diptyque avec le précédent au sein de la discographie d'HFT. Dans la même veine donc, mais plus rock, plus expédié. "Soleil cherche futur", le morceau-titre, c'est de l'urgence à tous les niveaux. Toujours cette poésie malade qui s'enfonce de plus en plus dans les tréfonds des ténèbres. L'album contient un bonne pelleté de classiques du répertoire live du monsieur, "Lorelei Sebasto Cha" et "Les dingues et les paumés" font partie du lot. Ce sont des chef-d'oeuvres. Le disque se termine en queue de poisson avec une vaste blague fumeuse, "Solexine & ganga". Un long trip sous substance, jouissif et crétin.


1984 - Alambic/Sortie Sud  

Le préféré de votre serviteur. Composé en partenariat avec Claude Mairet. "Alambic/Sortie Sud" est une oeuvre malade et dépressive. Le fort penchant synthétique de la musique accentue encore plus ce sentiment de mal-être. Un disque dystopique. Ici, tout est bon, des premières notes de "Stalag-Tilt" au fondu de "Chambre 2023 (et des poussières)", il n'y a rien à jeter. Une oeuvre atypique dans la carrière de Thiefaine, qui ne ressemble à aucune autre.


1986 - Météo für nada 

"Météo für nada" marque un retour au rock, mais la sonorité est très marquée par les années 80. Nettement plus accessible que les trois précédents, celui-ci ne manque pourtant pas de charme. "Dies Ole Sparadrap Joey" ouvre le bal avec une histoire de baston très cinématographique, onirisme et perfecto noir. "Precox Ejaculator" est une hilarante blague dont le refrain ressemble à une pub contre l’éjaculation précoce. L’album contient également "Affaire Rimbaud", un hommage cynique au trafiquant d'armes. Si "Météo für nada" est encore composé en grande partie par Claude Mairet, Thiefaine est également de retour aux affaires. Les compositions d' HFT  lui-même sont plus basiquement rock, alors que celles du comparse explorent d'autres terrains. Pour preuve, le funk/rap de "Diogène série 87", une folie sans concessions.


1988 - Eros über alles

A croire que les albums du chanteur fonctionnent par paires, car "Eros über alles" est pile dans la veine de "Météo für nada". Ouvrant avec le très hard "Was ist das Rock'N'Roll", un classique de plus. Le disque contient également "Septembre rose", une chanson qui célèbre la naissance de son premier fils. Jamais l'homme ne se sera montré aussi tendre, touchant le bonheur avec méfiance. Quant à "Droïde Song", elle bascule dans la science-fiction triste. Sommes-nous tous des robots condamnés à l'exécution d'un certain nombre de tâches?

Par la suite, Hubert Felix Thiefaine abandonnera un peu de la folie des débuts, mais ses disques seront toujours des perles noires. Certes un peu moins vénéneuses, à l’exception de "Defloration 13" paru en 2001.

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samedi 2 mars 2013

N°94 DICK RIVERS - L'homme sans âge - 2008


Quand -M- écrit un album pour Johnny Hallyday c'est la presse entière qui s'emballe, même les JT en causent, c'est dire que l’évènement est national. Et peu importe si au final, l'éléphant accouche d'une souris trisomique. La chose a beau être un naufrage, il y a du grain à moudre; d'autant qu'on n'attend plus rien de l'idole des jeunes devenus vieux. La musique n'a absolument pas sa place dans le tourbillon médiatique qui découle du moindre pet du plus célèbre des belges. Par contre, quand Joseph D'Anvers offre à Dick Rivers ni plus ni moins son album le plus classe, c'est le silence radio. Quelques remous dans le presse spécialisée et "L'homme sans âge" s'en retourne au néant. Des trois illustres "rockers" français que sont Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et Dick Rivers, c'est ce dernier qui est le grand perdant. Passons sur le titre d'idole pour beauf de Johnny, quoique le type est dans une grosse vague "Hipster" complètement incompréhensible, et penchons-nous sur l'homme de la dernière séance. Eddy Mitchell jouit d'un statut assez atypique, à la fois médiatique et apprécié du grand public, sans trop s'approcher des plateaux télés, un peu à la manière de Hubert Felix Thiefaine ou de Jacques Higelin. Et quand celui-ci prend sa retraite, c'est en toute discrétion, sans trop de tapage, un homme sympathique qui fait ses adieux au show-biz. Mais le personnage de Dick est autrement plus difficile à cerner, à la fois grotesque et magnifique, humble et prétentieux, lorgnant de plus en plus vers Johnny Cash et les grands espaces américains, mais restant désespérément Niçois. L'homme a beau jeu d'aligner des albums de grande tenue, il restera l'éternel troisième larron.

Le morceau-titre ouvre l'album avec une histoire de pacte avec le diable. Toujours la même rengaine depuis Robert Johnson, même si ici une voie de garage remplace le fameux croisement. "L'hommage sans âge", le diable, tout ça, ce n'est qu'une immense parabole du regret. "Sur le toit du monde" se déroule lentement, la voix est intense, chargée d'une étrange tristesse. Et puis il y a ce refrain sublime, une phrase qui résume tout, "Il m'en aura fallu des gens, pour être seul", de quoi laisser rouler quelques larmes. Histoire d'évasion, d'enfermement, "Les Braves" me fait penser à "The Birdman Of Alcatraz", magnifique! La tension monte, "Mon homme" ou le fantôme du père, sommes-nous condamnés à n'être qu'un miroir déformant de nos aînés? Toujours ce même poids de la culpabilité, qu'il soit réel ou imaginaire. Avec "Je reviens" sonne l'heure du bilan, un inventaire de sentiments, combien de vies dans une vie? L'album se termine comme il a débuté, entre regret et douceur, contentement et douleur. "Gagner l'horizon" est une des ces chansons magnifiques qui vous happe, tord vos tripes, presse votre coeur et vous laisse face à vous-même, en plein questionnement.

"L'homme sans âge" est un grand album de rock français proche de l'ambiance de "Bleu pétrole" de Bashung.

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