Comment vous parler d'un disque aussi dense, foisonnant et complexe? "The Spirit Of Apollo" fait partie de ces projets déments qui sont la somme d'une multitude d'entités opposées mais qui miraculeusement se marient dans une grande messe orgiaque. N.A.S.A est né des cerveaux malades de Sam Spiegel et Zé Gonzales, deux producteurs et DJ qui ont eu comme folle ambition de réunir sur un seul disque une forte quantité de musiciens issus d'horizons différents. Sur fond de conquête spatiale, les deux savants fous vont accoucher d'un joyeux bordel où se mêlent Chuck D, une grosse partie du Wu-Tang Clan, Santigold, M.I.A mais aussi Tom Waits, David Byrne ou George Clinton, et bien d'autres encore. Bref, que du beau linge qui donne le meilleur de lui-même. Si avec cela vous n'avez pas déjà cliqué sur le lien spotify, c'est que vous avez un sérieux problème.
Après une courte introduction qui fait office de mise à feu, voici que débarque "The People Tree" qui mélange rap à l'ancienne, reggae et refrain pop; bizarrement ça fonctionne très bien. Sans temps mort, "Money" creuse encore un peu plus le sillon Oldschool, la présence au micro de Chuck D n'est sans doute pas étrangère à ce sentiment. Avec un rappeur de la trempe de Method Man, inutile de préciser que le titre "N.a.s.a Music" envoie du lourd, du bon rap bien gras comme on n'en fait plus ou trop peu. "Way Down" offre à l'album un détour soul du plus bel effet, à noter la présence de RZA, toujours égal à lui-même. Tom Waits et Kool Keith quant à eux nous crachent un "Spacious Thoughts" qui fait froid dans le dos. Il faut entendre le Monsieur Loyal du rock éructer son texte tel un conteur absurde et malsain pour prendre toute la mesure de cette démentielle entreprise. Les protéiformes producteurs ont eu l'intelligence de créer des compositions toujours en harmonie avec les styles de leurs invités, ainsi George Clinton fait du Parliament-Funkadelic sur "There's A Party" et M.I.A fait du M.I.A sur "Wachadoin'?", mais toujours avec le petit plus qui offre toute sa cohérence au projet.
Sous bien des aspects, le travail de producteur effectué sur cet album fait penser à celui de George Martin sur "Sgt Pepper", tant il repousse les limites.