samedi 28 décembre 2013

BILAN 2013 - Bonus: une paire d'inclassables

Pour faire suite au Top 10, paru il y a peu et qui établissait le classement des dix meilleurs albums de l'année selon Les Chroniques de Toorsch'. Voici un petit supplément, qui contient deux disques inclassables, un live et une compilation qui ne démérite pas (loin de là) face aux créations originales (albums studios) d'une année désormais moribonde. 


Peut-être l'album que j'ai le plus écouté cette année. En tout point parfait, ce live vous colle du frisson par cargaisons entières. Ryland Cooder est sans doute le musicien le plus mésestimé par le grand public de l'histoire du rock. Guitariste slide admirable, musicien du monde, génial créateur de bandes-originales, l'homme n'est pas des plus faciles à suivre, mais c'est toujours un bonheur. Un peu comme si l'on trouvait le Graal plusieurs fois d'affilée. Alors quand le type décide de publier un nouvel album live près de trente ans après Showtime, son précédent enregistrement en public, il y a de quoi se réjouir. 

Live In San Francisco est un chef-d'oeuvre du genre, en toute objectivité, nous sommes ici en présence de l'un des meilleurs albums live jamais gravés. Le son est dément, la prestation grandiose, le choix des morceaux frise la perfection, le seul défaut de ce disque est de ne pas être double. Pour tout dire, avant de l'écarter du Top 10, j'ai longtemps songé à lui offrir la première marche du podium...


Pour des raisons évidentes de temporalité, je ne pouvais décemment pas inclure cette compilation pourtant parue durant l'année dans le précédent palmarès. 

Cosmic Machine est un voyage temporel vers une époque où la science-fiction faisait partie intégrante d'un certain type de musique électronique. Cela peut paraître désuet ou cheap pour une paire d'oreilles du nouveau millénaire, mais c'est un régal de tous les instants, qui se savoure comme on parcourt une bonne vieille bande-dessinée de science-fiction naïve. D'ailleurs l'illustrateur de la couverture n'est autre que Philippe Druillet, dessinateur ayant œuvré pour Métal Hurlant, la boucle est bouclée.

Si les spécialistes ou les puristes ne trouveront rien de bien original à se mettre sous la dent, les autres se délecteront de ces pièces synthétiques presque toutes extraordinaires. De plus que ce soit en vinyle ou compact-disc, l'objet est carrément beau, ce qui ne gâche rien...

Voilà, c'est tout pour cette année, je vous donne rendez-vous en l'an 14 pour de nouvelles aventures...

lundi 23 décembre 2013

WILD COVER Christmas Special: LEMMY KILMISTER, BILLY GIBBONS & DAVE GROHL - Run Rudolph Run - 2008


Un petit Wild Cover hors-série spécialement pour le réveillon... avec un jour d'avance.

"Run Rudolph Run" est sans doute LE morceau-rock de Noël. Popularisé par Chuck Berry, il a depuis jouit d'un grand nombre d'interprétations diverses et variées. De Keith Richards à CeeLo Green en passant par Brian Setzer (formidable version live!!!), tout le monde a glissé ce rock n' roll survitaminé dans la hotte du Hotrod de (Sugar)Daddy Christmas.

Mais il existe une version qui dynamite toutes les autres, une version de bâtards barbus qui vous souhaitent un Joyeux Noël comme un bon gros Motherfucker! Réunis autour du feu à l'occasion de la compilation We Wish You A Metal Xmas, Lemmy, Billy et Dave s'éclatent comme des fous sur ce bon vieux rock bien rétro (enfin de là d'où je viens, c'est un bon vieux rock bien rétro). Violent, gras, un brin vulgaire, on en attendait pas moins de ces trois pirates, désolé Keith, tu peux bien parader dans les Caraïbes, mais les vrais flibustiers sont ici!

jeudi 19 décembre 2013

N°131 - CHRISTMAS RULES - Various Artists - 2012


Dans la veine de la série d'albums A Very Special Christmas qui voyait défiler en son sein pléthore d'artistes plus ou moins talentueux de la scène internationale, voici Christmas Rules qui lorgne du côté de l'alternatif. Aux grands noms de la pop moderne, The Shins ou Calexico, s'ajoutent quelques signatures moins réputées mais non moins intéressantes telle que la grande Holly Golightly ou encore un petit jeune nommé Paul McCartney, qui semble promis à un brillant avenir. 

Avec "Wonderful Christmastime" les Shins frappent très fort, nous offrant une relecture joyeusement pop de ce morceau de Paul McCartney (il est partout lui...), on y retrouve la même énergie naïve qui éclaboussait les enregistrements hivernaux de Phil Spector. Au rayon des belles choses citons également "Green Grows The Holly", splendide sous les mains expertes de Calexico, ou encore le langoureux "Baby It's Cold Outside" divinement troussé par le duo formé de Rufus Wainwright et Sharon Van Etten. Escale celtique avec Sallie Ford et Black Prairie via un "(Everybody's Waitin' For) The Man With The Bag" digne des Pogues de la grande époque, frisson garanti. En toute logique, le disque se termine avec le traditionnel "Auld Lang Syne", cette fois-ci, c'est Andrew Bird qui s'y colle transformant cet hymne du Nouvel An en un morceau country que n'aurait pas renié Hank Williams.

Comme toujours avec ce genre d’exercice, il y a du bon et du moins bon. Fun. pour ne citer que les pires, assassinent littéralement "Sleigh Ride" au travers d'une version synthétique à la laideur peu commune, de plus, au chant l'atroce Nate Ruess en fait des caisses comme d'habitude. Mais globalement, l'album est franchement réjouissant et mérite largement de figurer sur votre playlist de Noël.

mardi 17 décembre 2013

N°130 - WILD BILLY CHILDISH & THE MUSICIANS OF THE BRITISH EMPIRE - Christmas 1979 - 2007


1979, le Père Noël est un punk, il pisse dans les souliers, vomit son vin chaud sur la dinde aux marrons et fout le feu au conifère exhibant fièrement ses décorations dans le séjour. Les gosses vivent un vibrant traumatisme, quand soudain le son saturé de la guitare électrique résonne contre les murs, c'est ce bon vieux Billy Childish qui débarque accompagné de ses musiciens de l'empire britannique. En dignes héritiers des Sonics, notre trio défouraille un rock brut de décoffrage, mal dégrossi, mais diablement jouissif. De quoi faire vaciller les plus étincelantes des guirlandes.

D'entrée, on en prend plein la gueule avec une relecture très crado du déjà bien poisseux "Santa Claus" de ces vieux roublards de Sonics. Ambiance garantie. S'en suit un "Christmas Lights" en mode rock garage millésimé qui envoie du bois de traîneau, le son est toujours aussi dégueulasse, il porte la patte graisseuse du sauvage Billy. "Father Christmas Is Dressed In Green", "A Poundland Christmas" ou "Merry Christmas Fritz", tout cela sent bon la bière tiède et le Fish & Chips froid, un bon gros réveillon de Lads en somme. Assurément dépaysant pour le pékin moyen. Wild Billy et ses sbires convoquent également les fantômes des Ramones le temps d'un morceau génialement pop intitulé "Mistletoe". On plonge finalement dans le chaos avec "Christmas Hell", une intense scène de ménage sur fond de blues anglais incandescent. Guitare saturée, rythmique lourde et harmonica omniprésent, on se croirait carrément sur le premier album des Pretty Things. L'affaire se termine avec le morceau-titre, punk British typique, tant par le ton que par l'humour. "Merry Fuckin' Christmas To You All..."

Christmas 1979 est un album concis qui ne faiblit jamais, toujours sur la corde raide, collé à la ligne blanche.

lundi 16 décembre 2013

TOP TEN : Bilan 2013

Quand arrive l'heure du bilan, il est bien difficile de trancher, de savoir quel disque est plus valable qu'un autre pour figurer dans son petit palmarès personnel. Les magazines spécialisés ont déjà tous dégainé leurs top machin via les réseaux sociaux, avec des choix qui n'appartiennent qu'à eux, mais qui tendent tout de même vers une certaine uniformité. Un consensus faisant la part belle à Kanye West et autre Daft Punk, en passant même par une certaine Miley Cirus (n'est-ce pas Rolling Stone U.S?), c'est pas la joie... Donc, sans plus attendre voici le top dix des Chroniques de Toorsch', un bref bilan de l'année passée.


10 - JACQUES HIGELIN - Beau repaire

L'autre grand Jacques nous est revenu cette année avec un album plus nuancé, plus acoustique et très beau. Dans la veine de son "classique" Tombé du ciel. Un bon cru.

09 - AGNES OBEL - Aventine

Un second album sans prise de risque, mais toujours magnifique. Peut-être moins immédiat que le premier opus, mais la magie opère toujours. Agnes poursuit sa route de bien jolie façon.



08 - THE WARLOCKS - Skull Worship

Près de cinq années de silence séparent Skull Worship de son prédécesseur, mais le résultat est là. Nous sommes en présence d'un album de psychédélisme noir absolument divin.


07 - UNCLE ACID & THE DEADBEATS - Mind Control

Avec ce troisième disque, les anglais passent à la vitesse supérieure, peaufinant et affûtant leur art. Ils se posent désormais en dignes héritiers de Black Sabbath.



06 - I AM KLOOT - Let It All In

Certes Let It All In n'est pas le meilleur album du groupe, mais il possède tout de même cette petite touche magique qu’insuffle I am Kloot dans chacune de ses oeuvres. Il mérite amplement sa place dans le top.


05 - PSYCHIC ILLS - One Track Mind

Voici un disque redoutable, à la fois doux et féroce. De la grande musique psychédélique en tout point parfaite. Good trip assuré!



04 - BOMBINO - Nomad

Pour l'enregistrement de son deuxième album à l'internationale, Bombino s'est envolé pour les Etats-Unis, et avec Dan Auerbach aux manettes, le résultat ne pouvait qu'être grand. Et il l'est.


03 - THE BLACK ANGELS - Indigo Meadow

Quatrième long-jeu pour les anges noirs texans et c'est un sans-faute. Indigo Meadow est sans aucun doute l'oeuvre la plus éclectique du groupe à ce jour. Il est désormais loin le temps de la lourdeur et des drones, la pop a désormais droit de cité chez les Black Angels, et c'est tant mieux.



02 - RACHID TAHA - Zoom

Pas loin d'être le meilleur album du mec. Zoom est riche de nuances et de cultures. Un métissage de chaque instant pour une musique à la beauté sans égale. Il aurait pu se hisser sur la première marche du podium si...


01 - BLACK JOE LEWIS - Electric Slave

...si Black Joe Lewis n'avait pas sorti ça! Electric Slave ou le disque qui tabasse au delà de l’imaginable. D'album en album Black Joe ne fait que s'améliorer, s'en est même effrayant. Bref, le disque de l'année des Chroniques de Toorsch'.
(pour toute réclamation, passez par la case commentaires)

samedi 14 décembre 2013

N° 129 - GURU - Jazzmatazz Volume 1 - 1993


Pour son premier album "solo" le rappeur Guru choisit de créér un manifeste qui tienne autant du hip-hop que du jazz. Mais attention, il est nullement question d'uniquement sampler des morceaux de jazz, non ici il y a aussi de la musique vivante, avec pléthore d'invités des deux bords. Entre autres, Roy Ayers, Donald Byrd et même le tout jeune MC Solaar, bref, du beau monde. Jazzmatazz est un exemple de plus prouvant que la musique se nourrit des ponts et du métissage. Quand la fusion se fait totale, le résultat est souvent grandiose, ici le Gumbo est relevé juste ce qu'il faut et la sauce prend bien, même très bien.

Après une courte introduction durant laquelle notre hôte nous accueille chaleureusement dans le club enfumé tout en nous présentant les invités du soir, les choses sérieuses commencent avec le bouillant "Loungin'". D'entrée de jeu ce qui frappe c'est le moelleux du son, de la pure chaleur de musique noire, ce truc si particulier qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. La trompette de Donald Byrd virevolte sur le groove gras de la section rythmique tandis que Guru pose un rap soutenu mais définitivement cool. "When You're Near" quant à lui, tire plus vers un G-Funk organique mais débarrassé de l’esthétique gangster parfois pesante. Plus loin "No Time To Play" semble tout droit échappé d'une bande-originale d'un vieux film policier de la grande époque, le modernisme en plus; un peu comme si Lalo Schifrin rencontrait le jeune Snoop Dogg. Sur "Take A Look (At Yourself)" Roy Ayers tisse un tapis de good vibes qui s'imbrique à la perfection dans un rap lourd, mais au groove toujours aussi imparable. Mc Solaar vient tranquillement poser sur le colossal "Le bien, le mal", sans doute le meilleur titre de l'ex-petit prodige du rap d'ici.

Au final, entre le jazz et le hip-hop, il n'y a pas de si grandes différences, les deux genres ont mis beaucoup de temps à se faire admettre par les tenants du bon goût et de la morale. Deux musiques respectables pas toujours respectées, la rencontre est évidente et pour tout dire, pertinente.

jeudi 12 décembre 2013

BEN HARPER with CHARLIE MUSSELWHITE - Get up!


Encore une belle rencontre, placée sous le signe du blues cette fois. Du vrai blues sans fioritures, du gras, du vivant, de l’authentique, et non cette mélasse insipide qu'on nous sert trop souvent en essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Pas de ça ici mon gars. Quand Ben Harper accompagné de ses désormais fidèles Relentless 7 rencontre le célèbre harmoniciste Charlie Musselwhite, le résultat botte des culs dans la boue du bayou. 

"Don't Look Twice", riff classique à la guitare acoustique, voix haut perchée, un soupçon de slide, un harmonica lorgnant vers la sonorité du loup et l'affaire est pliée. Aucune tricherie sur la marchandise, c'est qu'il faut faire honneur à l'insigne Stax mise bien en évidence sur la pochette. On passe à l'électrique avec le lourd "I'm In I'm Out And I'm Gone", une touche Hendrixienne noyée dans la pureté du blues, un régal. La ballade "You Found Another Lover (I Lost Another Friend)" renvoie aux grandes heures de Taj Mahal, rien de très original, mais quel pied. Avec l'inquiétant "Ride At Dawn" le groupe passe à la vitesse supérieure, ce chant de soldat possède une touche chamanique qui n'est pas pour déplaire. "Blood Side Out", c'est Johnny Winter en colère, du blues qui cogne dru et file à 200 mph, du tonitruant solo de Charlie, à la rythmique qui bastonne, tout ici n'est que pure énergie. L'aventure se termine avec "All That Matters Now" qui sonne comme ce vieux folk de Louisiane, une musique de porche pour soleil couchant.

Get Up! est un putain d'album, un compagnon de route à la simplicité très agréable. Le meilleur de Monsieur Harper depuis bien longtemps.

mercredi 11 décembre 2013

BILLIE JOE + NORAH - Foreverly


Que se passe-t-il lorsque deux artistes très différents s'associent pour rendre hommage à un groupe culte, et qu'en plus ils se focalisent sur un seul album du dit-groupe, qui à la base est lui-même constitué de reprises du répertoire classique de la musique américaine? C'est à cette question alambiquée que répond ce disque.

Quand Billie Joe Armstrong et Norah Jones unissent leurs voix pour un vibrant tribute à l'album Songs Our Daddy Taught Us des Everly Brothers, le résultat est simplement splendide. Du miel pour les oreilles, du nectar pour les enceintes ou du baume pour le cœur et l'âme. Oh, rien de spécial ici, non, juste de la belle musique traditionnelle américaine interprétée avec simplicité et sans la moindre fioriture, à l'ancienne. Le duo de voix fonctionne à merveille, si Norah Jones est en terrain connu, Billie Joe lui surprend déjà plus, son chant n'est que douceur et volupté; on savait l'homme bon chanteur, mais pas à ce point. Les Everly Brothers étaient les rois de l'harmonie à deux voix, marcher dans leur sentier n'est donc pas une chose aisée, et pourtant notre improbable binôme relève le défi haut la main.

Que ce soit sur les morceaux purement country tels que "Roving Gambler", "Long Time Gone", "Silver Haired Daddy Of Mine" ou les ballades épurées "Kentucky", "Down In The Willow Garden", la magie est au rendez-vous. Mieux encore, "Put My Little Soes Away" qui referme la galette se paye même le luxe d'être supérieure à la version des frangins, pourtant magnifique. Tout du long, l'orchestration est impeccable, seules quelques zébrures de guitares électriques apportent par endroit de subtiles touches de modernité. 

Foreverly est un heureux incident, un mariage réussi, une vraie belle rencontre. Voici un disque fort simple qui fait le plus grand bien.  

mardi 10 décembre 2013

THE BLACK WAVES - Thousands Of Visions


Décidément cette année fut placée sous le signe du psychédélisme noir, les groupes du genre ont attaqué sur tous les fronts, peu importe les nations. Des chiliens de Föllakzoid, aux anglais d'Uncle Acid en passant par ces texans de Black Angels, tous ont dégainé en même temps pour le plus grand plaisir des cramés en manque de trip. C'est maintenant au tour de la France d'envoyer une fusée sonique dans l'hyper-espace avec un jeune groupe lillois fort prometteur, les Black Waves. Même son lourd et vrillé que les cousins texans, même esthétique millésimé et surtout même parfum vénéneux. Clairement les vagues noires caressent les anges à l’identique couleur, avec un premier album en tout point efficace.

"The Shepherd", "Full-Time Dreamers" ou "1000 Miles Away" vous entraîneront dans un vortex acide dont il sera bien difficile de sortir. Ce qui frappe d'entrée de jeu c'est la rigueur avec laquelle le groupe étire les sons sans jamais perdre la maîtrise des morceaux. Alors certes cela manque un peu d'originalité, mais qu'importe, le plaisir est bien là. La vraie différence viendra avec "Levitation", le genre de titre qui fait toute la différence, entre une introduction renvoyant directement à ce que faisaient les Goblin pour habiller les films de Dario Argento, et une seconde partie toute aussi suffocante, c'est un sans faute. Plus loin, "A Last Kick In The Head" défonce les portes tant traversées de la perception avec une jouissance non feinte, un grand moment.

Sans révolutionner le genre, The Black Waves nous offre un premier album franchement réussi et dense. Pour amateurs de la chose psyché.

Lien Soundcloud

Site du groupe

vendredi 6 décembre 2013

N°128 - NINO FERRER - Concert chez Harry - 1995


Voici probablement l'un des albums live les plus émouvants jamais gravés. Concert chez Harry est d'une rare intensité, il réussit le tour de force d'être à la fois intimiste et énergique. Nino y est grand, magistral, il survole l'orchestre avec une telle grâce que cela en devient surnaturel. Et puis techniquement, la prise de son est parfaite, si ronde, si chaude, les basses vous réchauffent le cœur tandis que les aigus vous chatouillent les tympans sans jamais les agresser.

Après une courte plage d'introduction et avant d'entamer une superbe version de "La maison près de la fontaine", Nino Ferrer lâche avec tendresse ces quelques mots si simples: "Vous allez bien?" suivi d'un timide "Moi Aussi", qui marque profondément lorsque l'on connait la suite. "La rua Medureida" résonne comme une comptine dans la chaleur de juillet, la présente version est d'une indescriptible beauté. "Notre chère Russie" une fois débarrassée dans sa production studio un peu trop marquée, dévoile enfin toute sa richesse et sa puissance. Après un "Trapèze volant" à l'interprétation proche du cœur et à l'os, Nino se lance dans un diptyque plus léger comme pour évacuer cette ambiance trop lourde qui plane. "Le Telefon" en version guitare-voix s'offre une seconde jeunesse tandis que "Mirza" se fait coiffer d’oripeaux gospels du plus bel effet. Plus loin c'est "Le Sud" que Nino nous livre sur un plateau. "Le Sud" est sans conteste l'une des plus belles chansons jamais composées, elle prouve que l'homme est capable, parfois, d'offrir de la beauté; elle rassure autant qu'elle désarme. La présente version est d'une intensité troublante, belle à faire pleurer. L'album se referme avec un inédit tout à fait délicieux écrit en partenariat avec William Shakespeare lui-même, "Homlet" pose encore et toujours cet éternel dilemme "Etre ou ne pas être? Telle est toujours la question, et il y a toujours jamais person qui y répond!"

Dernier témoignage de Nino Ferrer, ce Concert chez Harry est le plus beau des testaments. Un au-revoir plus qu'un adieu, mais Nino manque...

jeudi 5 décembre 2013

THE WARLOCKS - Skull Worship


Fin de cinq années d'un silence pesant, les sorciers psychédéliques sont enfin de retour... Après un début de carrière plutôt prometteur (Ah Phoenix, ce putain d'album rétro-psyché de folie...), le groupe a explosé en plein vol avant de se métamorphoser (à la suite d'une perte de personnel drastique), en un diamant noir distillant un rock psychédélisme obscur totalement dénués de la moindre lueur d’espoir. Skull Worship vient donc, d'après les dires de son créateur, clore la trilogie entamée en 2007 avec le sublime Heavy Deavy Skull Lover.

L'album débute brutalement avec l'oppressant et martial "Dead Generation", les Warlocks nous envoient une armée de zombies affamés en guise de politesse. Le morceau est puissant, l'apocalypse guette et c'est, comme toujours, un véritable plaisir. Le deuxième titre "Chameleon" se veut plus planant, mais non moins noir, sur ce morceau le groupe creuse le sillon entamé il y a près de sept longues années déjà, un locked groove visiblement vampirique et insatiable. Sur "He Looks Good In Space" ce sont les synthétiseurs qui prennent le pouvoir, leurs ondulations vintages sont autant de plaintes électroniques qui se perdent dans l'espace et le temps. Du rock-drone d'une étrange beauté. "You've Changed" s'élève un peu plus vers un semblant de lumière, cette même lueur noire qui éclairait déjà difficilement The Mirror Explodes, le précédent opus du groupe paru en 2009. Pour finir les Warlocks nous gratifient d'un étrange instrumental passé à l'envers, "Eyes Jam" résonne comme une incantation, comme un chant de sorcier moderne et lysergique.

Skull Worship est vénéneux, il suit la même route chaoteuse que ses glorieux aînés. Voici un groupe qui a définitivement réussi sa mutation.

Lien Youtube - Dead Generation